
L’écriture en montagne : un outil de transformation
On croit souvent qu’écrire, c’est réservé à ceux qui savent le faire.
En vrai, pas besoin de grandes phrases ou de mots rares. Parfois, trois lignes griffonnées sur un carnet, les doigts encore froids d’une matinée en montagne, suffisent à tout changer.
Un carnet peut devenir un rendez-vous régulier avec toi-même. Il aide à comprendre ce que tu traverses, à mettre de l’ordre dans ce qu’il y a dans la tête et dans le cœur. Écrire permet de nommer les émotions, de mettre en lumière ce qui, autrement, resterait flou.
Écrire, c’est aussi ralentir. Ça donne un pas de recul, un autre regard sur ce que tu vis. Et au bout du compte, ce n’est pas une question de style. Juste un outil simple, toujours à portée de main, pour mieux te connaître et avancer plus léger.
1. L’écriture comme miroir
Observer autrement
Écrire, c’est un peu comme tendre un miroir devant soi. Ça permet de voir autrement ce qui se passe à l’intérieur.
Sur un carnet, tu peux déposer une sensation physique, une émotion, un doute, un émerveillement. Même trois phrases maladroites valent mieux que de tout garder en vrac.
Exemple :
“Montée raide, souffle court. À mi-chemin, j’ai failli dire au groupe de continuer sans moi. En l’écrivant ce soir, je réalise que j’avais juste besoin d’espace, de me retrouver seule. C’est bon à savoir pour les prochains jours.”
C’est ça, le pouvoir de nommer : comprendre ce qui s’est vraiment passé, au lieu de rester sur une impression vague. Peu importe si c’est brut ou mal tourné. C’est souvent là que ça transforme.
Nommer pour mieux se souvenir
Pas besoin d’analyser sur le moment. Juste noter ce qui s’est passé, comme on prend une photo rapide. Plus tard, tu retrouveras les sensations.
“Il y avait un lac. J’ai mangé une pomme.”
Simple. Et pourtant, tu reverras sûrement la couleur de l’eau et le goût de ce moment rien qu’en relisant ces lignes.
2. L’écriture comme boussole
Quand tu tiens un carnet sur plusieurs jours, ça donne une impression d’histoire que tu te racontes à toi-même, comme un fil rouge. Tu y vois les changements : d’humeur, d’énergie, de regard.
Chez certaines femmes, on le fait déjà avec le suivi du cycle menstruel. En psychologie, on sait qu’un suivi régulier aide à repérer ses états émotionnels et à voir comment ils bougent. Des études montrent même que relire ses mots peut booster la conscience de soi et réduire le stress.
Fais juste attention : ce carnet ne doit pas devenir une corvée. Ce moment est le tien, pas une tâche à cocher. Laisse-le rester une bulle d’exploration personnelle, un espace doux qui t’aide à avancer.
En montagne ou après un effort, ça ajoute du relief à ton expérience. Noter ce qui se passe dedans autant que dehors te fait prendre conscience du chemin parcouru : ce qui paraissait impossible hier devient souvent limpide une fois que tu y as mis des mots.
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3. L’écriture comme tremplin
Un carnet peut aussi servir à alléger le sac invisible que tu portes dans la tête. Écrire noir sur blanc ce qui pèse permet de le sortir de toi, au moins pour un moment.
Tu peux essayer un exercice simple : écrire sans t’arrêter pendant cinq minutes sur ce qui te bloque. Pas besoin de structure, pas de censure. Juste laisser couler. Tu verras souvent qu’en vidant ainsi, des idées ou solutions commencent à apparaître.
Mais l’écriture, ce n’est pas que pour revenir sur ce qui a été vécu. C’est aussi un espace pour imaginer la suite. Décrire ce que tu veux ressentir demain, ce que tu aimerais oser, tester, vivre. Comme un brouillon des possibles.
Tu connais la loi de l’attraction ? Ce n’est pas une formule magique, mais l’idée que formuler ce qu’on veut peut nous inciter à le remarquer ou à agir vers ça. Des études montrent que visualiser un objectif et le consigner par écrit augmente la motivation et aide à créer des connexions inattendues. On y croit ou pas… mais c’est toujours plus porteur de s’imaginer ce qu’on souhaite plutôt que ce qu’on redoute.
En montagne, ça peut donner :
- “Demain, j’aimerais lâcher prise et décrocher de mes pensées pour profiter vraiment du paysage.”
- “À la prochaine montée, je me concentre sur ma respiration plutôt que sur mes jambes, et j’essaye de caler mon rythme.”
- “D’ici deux ans, je tente un 6000.”
Le carnet devient alors un tremplin. Il ne se contente pas de capter ce qui est déjà là : il t’aide à tendre vers ce qui pourrait être.
4. Ecrire en trek : le contexte qui change tout
Et maintenant, écrire en montagne… mais pour quoi faire ?
Là-haut, déjà, tu as moins de distractions, plus d’air et plus de silence. Tes pensées se posent différemment. Et la marche, elle, fait remonter des idées.
Le fait de ralentir, tu verras, la tête se pose complètement. Hors du brouhaha quotidien et des sollicitations, tout devient plus clair. Écrire, c’est une bonne clé pour que ces pensées ne repartent pas avec le vent.
Pas besoin d’y passer des heures. Quelques lignes tous les soirs ou quand tu le sens : ce qui t’a marché, ce que tu as appris, ce que tu veux garder.
Tu peux aussi t’amuser avec des formats simples :
- Décrire uniquement avec les sens (sons, odeurs, textures)
- Faire une “photo écrite” : capturer une scène en quelques phrases, sans analyse, juste ce que tu vois
- Noter uniquement les émotions
Et si ton sac est trop lourd, quelques feuilles et un stylo suffisent.
Conclusion | Le carnet comme compagnon de route
Aucunement l’idée de devenir écrivain. Mais si c’est ton cas, alors fonce.
On écrit pour libérer la tête et le cœur. Pour ancrer des souvenirs sur papier. Le but premier, c’est le plaisir.
Et en voyage ou en trek, c’est à prendre comme un cheminement : une manière de se relier à soi, d’avancer autrement.
Les quelques kilomètres en plus
Pour aller plus loin, tu peux piocher dans ces idées :
- Tester l’écriture au réveil, quand l’esprit est encore frais et les pensées brutes.
- Noter une seule phrase par jour, même au milieu de l’effort.
- Relire ton carnet quelques semaines ou mois plus tard, pour mesurer le chemin parcouru.
- Échanger avec d’autres randonneurs ou voyageurs qui écrivent, pour t’inspirer de leurs méthodes.
- Ajouter des croquis, collages ou feuilles ramassées en chemin pour enrichir tes pages.
Comme sur un sentier, chacun marche à sa manière. Le tout, c’est de continuer à avancer…
Pour aller plus loin, voici quelques pistes :
- Relier l’écriture avec d’autres pratiques comme la photographie, croquis. Insérer un dessin ou une photo peut donner un nouveau relief à tes mots.
- S’inspirer d’autres marcheurs en lisant ‘Éloge de la marche’ de David Le Breton ou les carnets de voyage de Sylvain Tesson. Attention cependant, l’idée n’est pas de se comparer mais bien de trouver de nouvelles idées.
- Créer un rituel pour écrire toujours à la même heure ou au même endroit, dans son quotidien, à la maison.
- Partager certains textes ou retravailler ses textes pour les lire à voix haute à d’autres personnes dans un groupe de lecture par exemple.
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